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Trafic de drogue : à Marseille, un mineur condamné à cinq ans de prison pour avoir tiré sur son « supérieur »

Il se disait exploité par son « gérant », auteur, selon lui, de sévices comme des « mises en coffre [de véhicule] » ou des brûlures sur les bras… Il se présentait comme un « esclave » du réseau de stupéfiants de la cité La Visitation, dans le 14e arrondissement de Marseille, « forcé à vendre », sous la menace de se voir « casser la tête ». Son objectif, a-t-il expliqué, était de faire peur au patron et de protéger les autres « charbonneurs » des méthodes violentes de celui-ci. Un mineur a été condamné, mercredi 7 août, à cinq ans de prison par le tribunal pour enfants de Marseille pour avoir tiré à trois reprises, le 4 juin 2022, sur son « supérieur », prétendument gérant de ce point de vente dans les quartiers nord. « Il s’est fait tirer dessus par ses travailleurs car il ne les payait pas », avait commenté un « grand gérant » de La Visitation, entendu dans un dossier d’assassinat commis dans la cité.
Vengeance ? Forme de légitime défense préventive ? Les explications embrouillées de ce jeune Marseillais, âgé de 17 ans au moment des faits, ont beaucoup varié, même si ses bras portent bien les cicatrices de ce qui s’apparente à des brûlures de cigarettes. Les enquêteurs ont retrouvé la trace de quatre passages dans un hôpital pour des plaies à suturer, des coups de couteau. « C’est moi qui a[i] tiré sur lui pour le blesser et l’éloigner de toutes les séquestrations et des coups de couteau, c’est tout. Je lui ai bien tiré sur les jambes », a-t-il expliqué à la juge d’instruction, qui a finalement requalifié la « tentative de meurtre » initialement retenue en « violences avec arme » et en récidive.
Retrouvée au marché aux puces adossée à un plot, la victime, blessée à la main droite, à l’épaule gauche et au thorax, s’est défendue d’être un trafiquant. A l’entendre, cet homme se trouvait dans la cité, à l’arrière du véhicule de deux escort-girls recrutées sur le Vieux-Port, pour acheter un morceau de cannabis avant d’aller se baigner à L’Estaque, au moment où il s’est fait tirer dessus. Son casier judiciaire a fait tiquer les juges. La commission d’indemnisation des victimes d’actes de délinquance lui a refusé la solidarité nationale – 10 000 euros de provision sollicités – au motif que « la tentative de meurtre dont [il] a été victime ne peut manifestement qu’être en lien avec son activité de gérant d’un trafic de stupéfiants et ses relations avec le milieu du banditisme ».
« Oui, la violence au sein des trafics ne cesse de croître, mais peu importe ce qui se dit, une victime est une victime et son préjudice doit être reconnu », estime Me Laurie Barbezat, dont le client s’était constitué partie civile, qui a obtenu la condamnation du mineur à verser une provision de 1 500 euros de dommages et intérêts à la victime.
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